Encore cette année, nous voici à l’orée du mystère de Pâques, salut de toutes les femmes et les hommes de ce monde : « Quand le fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Que trouvera le Seigneur dans les ténèbres de notre nuit ? En cette année, un monde plus que jamais marqué par la violence de la guerre, de l’injustice et de l’indifférence. Un monde traversé par des divisions si fortes que l’avenir de notre humanité entière se trouve aujourd’hui suspendu à la menace concrète d’un conflit nucléaire. Une humanité écartelée entre une minorité accaparant toujours plus de richesses et une foule innombrable ayant toujours plus de difficultés à subvenir aux besoins les plus essentiels. Une indifférence qui nous engourdit toutes et tous, jusqu’à nous empêcher d’entendre « le cri de la Terre » et de réagir face au drame du changement climatique qui se joue sous nos yeux et dévaste des communautés entières. Combien de frères et sœurs, privés d’un foyer accueillant et sûr, d’un environnement hospitalier et fraternel « où reposer la tête » ? Au cœur même de nos villes, sur nos trottoirs, combien vivent dans l’indigence la plus totale et que trop souvent nous feignons de ne pas voir ou entendre. Mais aussi, derrière les portes closes de nos immeubles, combien de personnes âgées abandonnées à leur solitude, peinant à donner du sens à ces dernières années de leur vie ? Derrière ces mêmes portes, combien de jeunes filles et jeunes hommes vivant également une profonde solitude et une quête de sens qui souvent, échappent aux générations précédentes ou incommodent. Combien de familles éreintées par les difficultés du quotidien, l’inhospitalité urbaine, un travail qui fait défaut ou qui, au contraire, prend trop de place. Et, au milieu de nous, malgré tout, une multitude d’enfants qui rêvent d’une ville plus propre, plus verte, moins polluée, d’adultes plus à l’écoute.
« A l’écoute du cri de la ville » ! Telle est l’attitude que l’Eglise de notre ville, Rome, essaie d’incarner depuis plusieurs années, non sans difficulté. Difficultés inhérentes à une remise en question authentique de nos façons de faire et d’être, à l’écoute d’un monde qui change.
En cette Pâque, puisse le Seigneur trouver en nous, des disciples prompts à l’écoute, des femmes et des hommes veillant dans la prière et capables d’accueillir et de prendre sur nous les souffrances et les peines de toutes celles et ceux qui nous sont proches et pourtant encore, si loin.
Sonia Grigt et Mario Di Ciommo, amis de la Fraternité de Rome
