Pendant les huit ans que le Seigneur, par « Jérusalem », m’a donné de vivre à Montréal dans notre Fraternité au Sanctuaire du Saint-Sacrement, j’ai eu la grâce de pratiquer deux fois par semaine le mystère et le ministère de la Visitation. En effet, je visitais les malades de la Paroisse « La Consolata », au nom du curé qui m’avait délégué à ce service, que j’ai bien aimé.

En métro, je me rendais à l’église des émigrés italiens, où Albino m’attendait à la fin de la messe de 8h pour nous conduire en voiture, Jésus et moi, chez les malades et les personnes âgées : nous visitions de 25 à 30 personnes une fois par mois. Albino et sa femme Concetta sont des émigrés du sud de l’Italie et à la retraite, animés d’une foi et d’une charité remarquables, et pleins de joie.

Ce service de Visitation, tout comme plusieurs autres expériences vécues au Canada, a été une grâce spéciale et bien enrichissante. Monté en voiture, Albino se lançait dans la louange et l’action de grâce au Seigneur. Je m’unissais à lui, animé par l’Esprit Saint et avec Marie, qui « se rendit en hâte vers la région montagneuse » (Lc 1,39) pour porter à Elisabeth, Jean et Zacharie le Verbe fait chair en elle. Nous disions, par exemple : « Nous portons Celui qui nous porte ; nous servons Celui qui nous sert ».  Jésus monté en barque demanda à Pierre de s’éloigner du rivage et de faire la traversé du lac, et ainsi en était-il pour nous aussi : quel honneur !

Dans chaque foyer, nous étions attendus, parce qu’Albino prévenait les gens le jour avant. Je me souviens encore de l’accueil chaleureux et plein de gratitude des malades et de ceux et celles qui les assistaient. Après les salutations, c’était le moment intime du sacrement du Pardon et puis, ensemble, de l’écoute de la Parole, la communion, le silence d’adoration, les prières spontanées d’intercession, d’action de grâce et la bénédiction.

Une famille m’avait touché en particulier : Olga et Franco ont vu mourir à cause du cancer, l’une après l’autre, leurs trois filles mariées et enfin Franco aussi est décédé. Quelle souffrance et quelle foi, quel abandon confiant à la divine volonté !

Souvent, le service strictement religieux terminé, c’était la petite fête : échange de nouvelles et dégustation de gâteaux (mon cholestérol a eu de petits problèmes en ce temps-là).  

Après dix ans, je reste en contact avec Albino, Concetta et plusieurs amis et amies, ceux et celles qui sont encore sur cette terre : les expériences de Visitation du Seigneur sont tellement de grâces de joie et de guérison pour les visités et pour les visiteurs !       

frère Giacomo de la fraternité de Florence