– « Cela fait longtemps ! Tu es partie où ? En Italie ? »
– « Non ! Plus loin que l’Italie … je suis partie un mois à l’Assekrem ! Au Sahara, au-delà des dunes de sables, là où il n’y a plus que des cailloux, des montagnes de cailloux ! »
– « Seule ? »
– « Non ! »
Non, car c’est bien à trois que nous sommes partis, Hubert, Marta et moi.
Non, car les Petits Frères de Jésus, Édouard, Zbechék et Raymond nous ont accueillis.
Non, car il n’y a pas plus grande foule que celle qu’on emporte dans nos coeurs et nos pensées.
Non, car là Quelqu’un nous attend patiemment.

De prime abord, au-delà du relief grandiose qui entoure l’Assekrem, on croit être devant un paysage lunaire où il n’y a que des pierres – et le vent et le froid implacables. Mais j’allais découvrir que ce paysage est rempli de vie. Beaucoup de ces pierres sont des phonolithes, qui émettent un son musical quand on les heurte. À l’ombre des pierres, là où il y a un minimum d’humidité, poussent beaucoup de petites plantes ; j’ai compté une vingtaine d’espèces.

Je garde le souvenir d’un mois très fraternel, avec la joie de partager l’essentiel, l’eucharistie, qui nous rassemblait tous les matins, en prenant le temps autour de la Parole. Sans compter les repas du dimanche, quelques excursions ensemble, les mille attentions des frères à notre égard … De quoi se savoir soutenue et accompagnée dans la traversée du vrai désert, enfin seule devant Lui. Des journées rythmées par la prière et habitées rien que par la Parole ou quelque lecture, des heures de silence, des grands horizons à contempler et arpenter … avant que la pluie arrive ! Eh bien, oui, il a plu au désert, tous les jours (!) avec une ponctualité inconnue en ce pays.

Tous les après-midi les nuages s’approchaient petit à petit, en se faisant de plus en plus noirs et menaçants … et puis foudres et tonnerres parfois jusqu’au matin ! Un spectacle de couleurs au ciel, le concert de la nature (et celui des tuiles en pierre sur la tôle…) dans les oreilles, des parfums inoubliables lorsqu’on pouvait mettre le nez dehors…

« Tout est grâce », même le mauvais temps ! Et le désert qui verdit et fleurit est la plus belle photo de ce qui se passe au plus profond de nous lorsque la grâce descend, généreuse comme la pluie !

Anna Medeossi (Amie de nos Fraternités)

Témoignage issu de la revue « Le Lien » n°412 du diocèse d’Oran