Va vers toi-même dit Dieu (Gn 12,1). Et Abraham part, en quête du trésor qu’il est lui-même. 

Si, comme Abraham, nous nous mettons en route, c’est plus ou moins consciemment, dans le même but. Parce qu’aujourd’hui, dans l’étourdissante frénésie du quotidien, nous nous sommes nous aussi perdus de vue, ou perdus tout court.

Va vers toi-même. Partir parfois est un impératif :

Tout lâcher pour se retrouver et se ressaisir en profondeur, jusqu’à pouvoir à nouveau se donner. Comme Abraham qui parcourt 10 chapitres en 33 ans de vie pour se présenter tout entier devant Dieu dans un formidable Me voici. Abraham nous enseigne que c’est seulement à pas lent que l’on avance vers cette suprême liberté.

Aujourd’hui, là où j’en suis de ma vie, je peux mettre mes pas dans ceux d’Abraham, en laissant le Psaume 84 me baliser la voie du bonheur : Heureux ceux dont la force est en Dieu, ceux dont Dieu est et reste la force d’attraction, la force qui les entraîne toujours plus haut, au-delà de ce qu’ils croient être. Heureux sont-ils car dans cette ascension intérieure, des chemins nouveaux s’ouvrent dans leur cœur. Chemins qui traversent le val des pleurs pour en faire un lieu de source, transformant en source tout ce qui a blessé leur histoire. Quand la vie coule ainsi à nouveau à flots en nous, plus rien ne nous arrête, nous marchons de hauteur en hauteur, jusqu’à ce sommet essentiel de la Rencontre ultime. Avec soi, avec l’Autre.

Va vers toi-même. Trouve-toi au point de découvrir Celui qui t’habite et t’attend, Celui qui te rendra tes espaces intérieurs.

Soeur Cécile de la fraternité de Paris