La liturgie du temps de Noël. Si je devais la définir d’un mot, je dirais : surprenante. Une liturgie qui nous déplace. Tout commence lors des vigiles de la Nativité, suivies de la messe de minuit. Après les quatre semaines de l’Avent, voici le moment tant attendu : Celui qui vient est là, Dieu se fait petit enfant, nous le déposons dans la crèche, c’est le temps de l’émerveillement, de l’action de grâce, pour les petits et les grands : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. La messe de l’Aurore, pour les Fraternités qui la célèbrent, nous confirme dans cet état d’esprit, nous invitant à glorifier et louer Dieu avec les bergers pour tout ce que nous avons entendu et vu, selon ce qui nous avait été annoncé. Mais déjà la messe du jour nous invite à prendre de la hauteur pour contempler ce mystère non plus au milieu des bergers, mais avec saint Jean le Théologien : Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité

Dès le lendemain, c’est saint Etienne, premier martyr, qui s’invite, alors que Polonais, Allemands et bien d’autres encore célèbrent ce qu’ils appellent « le deuxième jour de Noël », participant à l’Eucharistie comme la veille. Pas le temps de s’attendrir sur la crèche, la liturgie nous entraîne plus loin dans la Bonne Nouvelle, nous rappelant le lien étroit entre Noël et Pâques. Nous sommes ensuite accompagnés tour à tour par saint Jean l’Evangéliste, les saints Innocents, la Sainte Famille, sans oublier bien sûr Syméon et Anne. Chaque jour un nouvel aspect du mystère de l’Incarnation se révèle à nous. La solennité de la Mère de Dieu vient conclure l’Octave et introduire la nouvelle année civile, avec une prière toute spéciale pour la paix, si nécessaire en ce temps de guerre à nos portes, en Ukraine. 

Vient ensuite l’Epiphanie, qui invite toutes les nations à la contemplation, puis aussitôt le Baptême du Seigneur : en quelques jours nous sautons 30 ans pour nous retrouver avec Jésus adulte, à l’aube de sa vie publique. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises : si liturgiquement le temps de Noël s’achève là, au bord du Jourdain, il se rappelle à nous 40 jours après Noël, par la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, lors de laquelle nous

retrouvons Jésus enfant, en qui Syméon reconnaît le salut pour tous les peuples et la lumière qui se révèle aux nations

Oui, la liturgie du temps de Noël est surprenante, même au-delà de ce temps liturgique. Qu’elle nous donne donc de nous émerveiller, de nous ouvrir toujours plus au mystère de l’Incarnation : Dieu se fait l’un de nous et se révèle à nous de manière surprenante. Accueillons-le, continuons à Le désirer, peut-être même plus encore qu’au temps de l’Avent !

soeur Anne-Catherine de la fraternité de Varsovie