Mais qu’est-ce que les temps morts ? Je n’emploie pas cette expression habituellement. Il m’est d’abord venu qu’au handball, ils sont demandés par l’entraîneur pour évaluer la stratégie de la période suivante et sont décomptés du jeu. Puis, j’ai repéré deux types de temps morts dans mon quotidien : les choisis et les non-choisis, chacun pouvant être habité différemment.

Les temps morts choisis : une pause dans ses activités.
Notre engagement dans les Fraternités Évangéliques de Jérusalem nous invite à en faire plusieurs. L’adoration ou l’oraison se nourrissant de la lectio divina et de la prière psalmique pourraient sembler les plus inactives. Savoir s’arrêter pour donner du temps gratuitement à Dieu par amour. Se mettre sous son regard et l’adorer, lâcher ce qui est à faire et s’abandonner à Lui. Ce peut être aussi marcher, ou s’asseoir en contemplant le Créateur à travers sa création.  Ces pauses nous permettent aussi de remettre à leur place nos activités, de définir une stratégie comme pour le handball, en laissant l’Esprit Saint tenir le rôle de l’entraîneur…  Lorsque je les néglige, ce que je fais s’en ressent, ma qualité relationnelle également.

Les temps morts non-choisis : feu rouge, embouteillage, être debout et serré dans le métro ou encore faire la queue (les retraites animées par les accompagnateurs de Raphaël* proposent une fiche pratique « Prier dans une fille d’attente »). Dans ces situations, soit je m’impatiente et n’habite pas l’instant donné ici et maintenant, soit je choisis de prier : en louant, en invoquant, en ruminant un verset biblique, ou en confiant ceux qui m’entourent, me souvenant qu’être en Jérusalem, c’est être veilleur sur la ville. Restez éveillés et priez en tout temps (Lc 21, 36). Je constate alors que les temps morts choisis m’aident à nourrir les autres. « Le seul point de rencontre avec Dieu est l’instant présent… il est une fenêtre sur l’éternité » (Jean Lafrance) et si je le rate il est irrémédiablement perdu et mort.

Je peux donc dire que ces temps morts, si je les habite en Dieu, sont temps de Vie où je suis d’abord invitée à être et à être avec Lui, au lieu d’agir.  Demeurez en moi comme moi en vous (Jn 15, 4).  Alors choisissons la vie avec Lui ! (cf. Dt 30,19) et que son Esprit fortifie en nous l’homme intérieur (Ép 3, 16).

Harriett Bougon (Membre des Fraternités Évangéliques de Jérusalem de Paris)

* La fraternité « Raphaël » est un groupe d’accompagnateurs spirituels à l’église Saint-Gervais.