Vitrail de la Résurrection par Sylvie Gaudin – Église Saint-Gervais © FMJ

Les vitraux de Sylvie Gaudin, lors des visites guidées de l’église Saint-Gervais, ne laissent pas les visiteurs indifférents. Pour ma part, au-delà des questions de goût, je constate qu’au fur et à mesure des visites, ils me « travaillent »… Le vitrail évoqué aujourd’hui dans ce texte est le quatrième d’une série de cinq ayant pour thématique « le mystère du Salut » donné en Jésus Christ (Nativité, Baptême du Christ, Passion, Résurrection et Pentecôte). Ils ont été créés vers 1993.

La verrière présentée ici est celle de la Résurrection.
Généralement, j’invite les visiteurs à observer tout d’abord les formes, les couleurs, leur disposition dans la verrière (en partie haute, médiane ou basse). Voir ce qui frappe le regard, ce qui retient l’attention, ou ce qui heurte… Les mouvements que le vitrail provoque en nous…
Instinctivement les codes classiques des couleurs parlent aux visiteurs. Le jaune évoque la lumière. Le rouge : le sang. Le bleu : l’eau. Le vert : la végétation.
Les formes aussi : le rayon suggère un jaillissement. La partie rouge : la forme d’un cœur humain ou avec son aspect un peu déchiqueté quelque chose de l’ordre de la souffrance, etc…
De mon côté, ce qui me frappe d’abord dans cette verrière, c’est ce rai jaune situé en partie haute. Est-ce un mouvement ascendant, descendant, ou les deux ? Ce trait d’or m’évoque le surgissement vif de la Résurrection, qui passe au travers de cette forme rouge, comme la forme d’un cœur humain. Ce pourpre qui peut faire penser à la Passion et aussi jusqu’à la dernière goutte de sang que le Christ a donné ou encore aux souffrances que nos vies traversent. Tout cela est comme transpercé, touché par la lumière du Ressuscité.

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La partie basse du vitrail dominée par le bleu et le vert m’évoque les couleurs de la planète Terre, et par conséquent la Création, le jardin du Paradis ; comme pour nous dire que la Résurrection, c’est une recréation permanente, pour aujourd’hui aussi.
La forme du rayon doré m’a un jour fait penser à un autre vitrail, situé à la cathédrale de Chartres. On y voit le Seigneur donnant à l’homme son Souffle de vie, un faisceau reliant les deux bouches, car les deux visages sont face à face. Un bouche-à-bouche. Comme le dit frère Luc de Tibhirine : « Si nous vivions sans interruption de la vie de foi, nous serions dans un commerce continuel avec Dieu, nous lui parlerions bouche-à-bouche… ».

Cette trace étincelante m’évoque aussi cette fulgurance du passage de Dieu dans nos vies. Qui laisse une emprunte lumineuse dans le cœur. On peut dire alors à certains moments « C’est le Seigneur ! » (Jean 21,7). Et déjà, insaisissable, il a disparu à notre regard. Mais il a laissé un rayon d’or au goût du miel de la terre promise… qui nous donne la force de poursuivre la route du quotidien, cette Galilée où Il nous attend concrètement. « Ils sont finis les jours de la Passion suivez maintenant les pas (dorés…) du Ressuscité ! »

Alors voilà, cette Vie de Dieu, ce Souffle d’or, peut m’être donné si je ne détourne pas mon visage. Si j’aspire à plein la Vie que Dieu veut me donner, notamment par l’Écriture, présente en partie basse du vitrail par une phrase de la Parole (ici : « Il est ressuscité d’entre les morts »), répétée à plusieurs reprises, comme pour suggérer le mouvement de la Lectio Divina, où peu à peu, jour après jour, la Parole pénètre mon cœur parfois sclérosé, pour le rendre à son image : Vivant !

« Par tout ce qui vit et respire, Louange au Seigneur. Alléluia ! » (Ps 150)

Quitterie de Vial (Amie des Fraternités de Paris)