Elle était « à l’isolement », cette femme de Samarie.
Prisonnière d’un triple isolement, car triplement contagieuse.
C’était une Samaritaine, c’était une femme, c’était une pécheresse.
C’était une Samaritaine.
Comment, toi un Juif, tu me demandes à boire, à moi une Samaritaine ? S’exclame la femme.
Et l’évangéliste ajoute : en effet les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Cette haine entre les deux peuples dure depuis leur séparation politique et religieuse il y a mille ans.
Mais Jésus n’a pas respecté l’isolement dans lesquelles les Juifs voulaient placer les Samaritains.
Il a parlé à cette Samaritaine.
Il a même passé deux jours chez les siens.
Et de ces Samaritains schismatiques il a fait des disciples.
Et ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui.
Cette Samaritaine est porteuse d’une deuxième « maladie » dont il faut se méfier.
C’est une femme.
Les disciples étaient surpris de le voir parler avec une femme, rapporte l’évangéliste.
Il n’était pas convenable à un homme de parler seul avec une femme inconnue.
Ici se cache l’antique soupçon de l’homme vis-à-vis de la femme.
Mais Jésus, là non plus, n’a pas respecté l’isolement où les hommes de son temps voulaient confiner les femmes.
Il a pris l’initiative de parler à cette femme.
Et cette femme est devenue une missionnaire qui a convertit une ville entière.
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « il m’a dit tout ce que j’ai fait ».
Samaritaine, femme, elle a aussi une troisième « maladie » : c’est une pécheresse.
Elle a eu cinq maris et celui qu’elle a maintenant n’est pas son mari.
Or le péché est contagieux, alors il faut mettre le pécheur « à l’isolement ».
Jésus ne respecte pas cet isolement.
Il va parler à cette pécheresse.
Il ne bénit pas pour autant sa situation, mais lui ouvre un chemin nouveau, un chemin de vie où coule une eau vive pour qu’elle n’ait plus jamais soif de ces plaisirs passagers, trompeurs et tellement décevants qui ont abimé son cœur.
Et cette eau deviendra en elle source jaillissante pour la vie éternelle.
Jésus n’a pas respecté l’isolement de cette femme.
Il a été imprudent.
À force de fréquenter les publicains, les Samaritains et les pécheurs.
Sans masque de protection, sans gants, sans même se laver les mains,
il va faire peur, à ceux que la contamination du péché fait peur.
Et ceux-ci vont le mettre à son tour à l’isolement, à l’isolement de la croix.
Mais sur la croix, Jésus a pris toutes nos maladies, nos virus, notre péché sur lui.
Et les a engloutis dans sa mort.
Et par sa résurrection, il nous a ouvert la porte d’un monde nouveau.
Un monde qui sera sans peur, sans isolement, sans virus.
Oui, nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.
Frère Jean-Tristan, de la Fraternité de Paris