« Se plaçant par derrière tout en pleurs aux pieds de Jésus, […] la pécheresse les essuyait avec ses cheveux. » (Luc 7, 38)

Jésus, à l’invitation d’un pharisien qui lui a préparé un repas se met à table. Aujourd’hui, à chaque eucharistie, nous préparons nous aussi la Table pour accueillir le Seigneur. La liturgie de la messe est l’invitation, que nous adressons à Jésus, à prendre place au milieu de nous à la table de l’Autel. Notre foi nous dit qu’Il est là, avec nous, et qu’Il préside ce repas. Comme la pécheresse, sachant cela, nous venons à Lui, porteurs du parfum de tout notre amour pour Lui. L’attitude de la pécheresse nous montre un chemin : « Elle baignait les pieds de Jésus de ses larmes et les essuyait avec ses cheveux. » (Lc 7,38)
Ce verset nous révèle ce qu’est la véritable adoration. Contemplons ce Mystère : pour essuyer les pieds de Jésus avec ses cheveux, la pécheresse doit se prosterner.

C’est à cela que nous conduit la liturgie eucharistique. Elle nous guide vers le prosternement qui s’exprime au sommet de la prière eucharistique et vers l’action de grâce, après la Communion, qui devient l’instant de l’expression intime de notre adoration. Depuis son arrivée chez le pharisien, la pécheresse se préparait à ce geste ultime de l’adoration. Elle apporta un parfum très précieux dans un flacon de très grande qualité.
Le parfum de notre amour pour Jésus, nous le portons dans l’écrin parfait que Dieu a créé : notre cœur. Elle se plaça par derrière. Déjà, l’humilité lui dictait qu’elle ne devait pas se mettre en avant. Lorsque nous nous rendons au Repas Eucharistique, notre attitude n’est pas de nous montrer, mais de nous effacer devant le Mystère qui s’annonce, dans un mouvement de profonde humilité. La pécheresse se mit à baigner les pieds de Jésus de ses larmes. Nous allons au rendez-vous eucharistique lourds du poids de nos fautes et c’est avec « un cœur brisé et broyé » (Ps 51) que nous nous présentons à Dieu.

Au cours du Kyrie, ce sont tous nos regrets de l’avoir offensé que nous déposons dans le Cœur de Dieu. Il y a nos fautes, mais il y a aussi nos souffrances, nos malheurs, nos désespoirs, tout ce qui enténèbre nos vies et nous blesse infiniment. Ce sont nos larmes, parfois longtemps refoulées, qui soudain peuvent s’épancher aux pieds de Jésus, Lui qui a connu la souffrance, Lui dont les pieds ont été transpercés par nos péchés ! Après avoir, ainsi que le fit la pécheresse, préparé nos âmes à recevoir le pardon de Jésus, un dernier geste de réparation reste à accomplir : essuyer les pieds transpercés de Jésus avec ce que nous avons symboliquement de plus noble, notre chevelure, symbole de ce qui compte pour Dieu, de ce qui Lui est précieux : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. » (Lc 21,18)

C’est donc de tout notre corps que nous aimons le Seigneur. Nous nous donnons « corps » et âme au Corps de Jésus. C’est un Mystère d’Incarnation. La mise en pratique de sa Parole réclame tout notre être. Le prosternement, qui engage notre corps d’une manière extrême, est la manifestation parfaite de notre adoration. C’est par ce geste que nous annonçons au monde que nous reconnaissons la Divinité de Jésus. « Tels sont les adorateurs que cherche le Père. » (Jn 4,23) Jésus est ému devant l’amour que Lui manifeste la pécheresse.

Elle est celle à qui Il a fait grâce de la plus grande dette (Lc 7,43). D’abaissements en abaissements, elle Lui témoigne sa profonde reconnaissance. Et c’est parce que nous aurons accompli avec infiniment de respect ce rituel d’humilité auquel la messe nous invite, parce qu’ainsi nous aussi, nous aurons montré à Jésus beaucoup d’amour, que nos péchés, si nombreux soient-ils, seront pardonnés.

Elle est celle à qui Il a fait grâce de la plus grande dette (Lc 7,43). D’abaissements en abaissements, elle Lui témoigne sa profonde reconnaissance. Et c’est parce que nous aurons accompli avec infiniment de respect ce rituel d’humilité auquel la messe nous invite, parce qu’ainsi nous aussi, nous aurons montré à Jésus beaucoup d’amour, que nos péchés, si nombreux soient-ils, seront pardonnés.

Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau. (cf. Ap 19,9 repris dans le rite de la communion)

Dany Pichot-Morice, oblate bénédictine, amie des Fraternités de Strasbourg