En cheminant ensemble et en réfléchissant ensemble sur le parcours accompli, l’Église pourra apprendre, de ce dont elle fera l’expérience, quels processus peuvent l’aider à vivre la communion, à réaliser la participation et à s’ouvrir à la mission.
Document préparatoire du Synode des évêques « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », n°1
Par cette phrase, nous comprenons que le « cheminer ensemble » auquel nous invite l’Église pendant ce Synode est précisément ce que vivent nos deux disciples, le soir du jour de Pâques, qui « faisaient route vers un village appelé Emmaüs, […] et parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé » (Lc 24, 13-14). C’est bien sur la base du réel, de la compréhension de faits qui sont advenus, et dont ils ont fait l’expérience en première personne que les disciples partagent. Cette relecture est à la fois ce que chacun aura perçu, compris, intégré de l’événement ; et l’élaboration commune née du dialogue et de l’écoute mutuelle. L’événement qui les a bouleversés, qui les a mis en chemin ensemble dans cet aujourd’hui vers Emmaüs n’est pas seulement quelque chose qui est advenu hier et dont il n’y a plus qu’une trace au présent.
Le Christ qui s’invite sur le chemin les pousse plus loin. Il les a déjà réunis en les appelant à lui. Et là, en ouvrant leur esprit à l’intelligence des écritures, il dilate leur cœur et leur esprit pour les faire entrer dans l’inouï de l’histoire du Salut. Une histoire d’Amour qui embrasse même la folie de la mort du Fils de Dieu sur la Croix. La lumière qui brûle le cœur des disciples lorsque Jésus Ressuscité dévoile le sens des Écritures, a chassé le désespoir qui attristait leurs visages tristes et enténébrait leurs pensées.
Les ayant nourris de sa Parole, le Seigneur Jésus rompt alors pour eux le Pain, se donnant lui-même en nourriture, viatique pour la route qui s’ouvre devant eux. Jésus n’est plus physiquement là comme avant sur la route d’Emmaüs à Jérusalem, parce qu’il demeure encore plus véritablement présent en chacun de ses disciples qui s’engage sur son chemin de foi. Il nous faut raconter « ce qui s’est passé en chemin ». Chacune de nos expériences de disciples du Christ est unique et irremplaçable et mérite d’être partagée à nos frères dans la foi, pour qu’ensemble nous rendions présent la puissance de vie qui est dans le Christ qui fait toutes choses nouvelles. Que ce synode le rende présent au milieu de nous, et que le souffle de son Esprit nous pousse à le donner au monde vers lequel il nous envoie en nous donnant nous-mêmes, sur des chemins toujours renouvelés.
soeur Jeanne-Marie de la fraternité du Mont Saint-Michel