L’étoile, depuis le clocheton de la croisée du transept, brille au-dessus des toits. Les Rois Mages qui dorment dessous sont pourtant souvent les grands oubliés de la cathédrale de Cologne… Le visiteur, généralement venu en touriste, est attiré par les deux gigantesques tours d’entrée. Il s’émerveille devant la grandeur de cette église et acquiesce d’un air entendu lorsqu’il remarque la plaque signalant l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco…
Qui veut rendre visite aux habitants de la cathédrale doit cependant détacher son regard des pierres. Partout, ils sont là : leurs silhouettes se profilent sur un vitrail, une peinture, un bas-relief en bois ou en or… Ils sont parfois sobrement évoqués par le symbole d’une couronne. On les remarque, on les suit… Le pèlerinage peut alors commencer…
Dès le Moyen-Âge (1164 pour être précis, alors que les reliques avaient été apportées triomphalement de Milan), les pèlerins se sont rassemblés, en grands nombres, autour de la châsse contenant les reliques des rois mages ; et cela n’a pas cessé depuis : les habitants de Cologne sont attachés à ces pèlerinages annuels. Mais lorsque quelques visiteurs – en général bien éloignés de la foi – me sont confiés pour une visite guidée au milieu des trésors d’art et d’histoire de la cathédrale, j’aime leur proposer de mettre leurs pas dans ceux des mages. C’est alors lentement que nous nous rapprochons de la châsse : il faut avant tout se faire chercheur. Les mages eux-mêmes n’étaient pas de pieux chrétiens : ils sont devenus, à la grâce d’une étoile, chercheurs du Christ, et se sont mis en chemin. Arrivés au but, peut-être déroutés par le dénuement de l’enfant et de sa mère, ils se sont prosternés et ont offert leurs présents. Arrivés au cœur de la cathédrale, face au reliquaire d’or, c’est aussi l’enfant et sa mère qui nous accueillent au milieu d’un rutilement d’or et de pierres précieuses. Les mages, eux de l’intérieur, nous invitent à un moment de recueillement, …
Ô Dieu qui a fait se lever un astre en Jacob pour éclairer toutes les nations ; Attire à toi les hommes et femmes de toutes langues, races, peuples et nations.
Avec les mages et les chercheurs de Dieu d’hier et d’aujourd’hui, nous t’adorons.
… et puis à continuer le chemin.
Si alors quelque chose a bougé dans le cœur de ces visiteurs ; s’ils repartent par un autre chemin, différent de celui qu’ils ont pris pour venir ; qui sait s’ils ne se mettront pas en route pour un pèlerinage plus grand encore, vers Celui qui est la vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Frère Marc-Abraham
de la Fraternité de Cologne