Les températures estivales annoncent le temps de repos que nous attendons. Les derniers mois nous ont obligés à restreindre nos horizons et beaucoup d’entre nous rêvent de déployer leurs ailes et partir ailleurs, changer d’environnement, pour certains retrouver les lieux connus et aimés qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps, pour d’autres découvrir de nouveaux paysages, vivre de nouvelles aventures.
Le temps du repos, du ressourcement, des vacances, c’est pour beaucoup – parfois sans s’en rendre compte – la recherche de l’émerveillement. Nous voyageons vers des lieux attirants pour profiter de la beauté de la création ou pour admirer des œuvres exceptionnelles faites de mains d’hommes.
Au début de cet été, avant de partir en vacances, ou de prévoir un week-end en famille, ou tout simplement d’aller au musée ou à un concert, il peut être intéressant de voir quelles sont nos habitudes. Je me vois encore vouloir tout voir, tout visiter, tout garder dans ma mémoire ou immortaliser (est-ce vraiment…?) sur des photos. Les galeries et les musées remplis de collections merveilleuses, mais qu’on finit par traverser rapidement, en regardant les cartels à la recherche des noms d’artistes célèbres… Ah, oui ! encore un Rubens, il faut lever la tête… Oh, Rembrandt… ah, c’est juste un croquis. Et on poursuit son chemin. On pourra regarder les photos à la maison, quand on aura plus de temps.
Et si on prenait du temps sur place ? Pour s’arrêter, goûter, contempler…
Comme le dit le Sage : « A travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13,5). Dieu a donné à l’homme, sa créature, de participer à son œuvre créatrice. Par une autre analogie donc, les œuvres des hommes, les œuvres d’art, nous permettent de rencontrer les hommes, nos contemporains et ceux qui nous ont précédés, qui nous ont laissé le travail de leurs mains, le meilleur de leur pensée.
La rencontre avec l’œuvre d’art, comme toute rencontre, demande de la patience, de la curiosité, une ouverture à l’altérité qui surprend, qui nous étonne, qui nous résiste. Mais si nous lui donnons du temps, de l’attention, elle va se révéler à nous, nous conduire par ses formes, ses couleurs. L’œuvre d’art n’est pas là d’abord pour nous plaire, nous confirmer dans nos goûts et nos attentes. On ne contemple pas une œuvre d’art pour la mettre ensuite dans son salon. Il faut lui donner un peu de liberté, pour la laisser être ce qu’elle est. Tout comme un être humain dont les mains l’ont façonnée.
Nous avons besoin de l’art, de même l’Eglise a besoin de l’art. Et l’Eglise c’est nous.
« L’Église a besoin des arts (…) pour arriver à une expérience plus vaste et plus profonde de la condition humaine, des moments glorieux et misérables de l’homme. Elle a besoin des arts pour mieux savoir ce qu’il y a au plus profond de l’homme : cet homme à qui elle doit prêcher l’Évangile. »
Le beau alors, où le rencontrer ? Faut-il encore le chercher ?
Dans la contemplation patiente et silencieuse de la création, celle de Dieu et celle des hommes, peut nous être révélée une part de vérité sur nous-mêmes, créatures appelées à participer à la création divine. Que nous puissions dire avec le Créateur que cela est bon. Et beau.
Soeur Lucja de la fraternité de Paris