
En me demandant quelques lignes sur le « rapport entre mon cœur à cœur avec le Seigneur et mon rapport au monde sous l’angle de la conversion du cœur », une sœur m’écrivait : « Le thème est là, ensuite, prends la porte que tu souhaites. » Elle ne pouvait pas mieux tomber, j’ai justement pris « la porte », thème qui m’habite depuis de nombreux mois.
Elles sont nombreuses les portes que je franchis chaque jour.
Porte de ma cellule vers un lieu plus intime, personnel, le lieu de ce temps si nécessaire d’écoute de la Parole de Dieu. Porte de la chapelle du cloître à Vézelay en hiver pour les temps d’oraison, de cœur à cœur avec le Seigneur, et pour les temps de prière liturgique frères et sœurs.
Porte de mon lieu de travail, le centre sainte Madeleine, où les visiteurs pointent leur nez en voyant qu’il y a quelqu’un avec qui parler derrière la porte vitrée, lieu où les hôtes sont accueillis au début de leur séjour et reviennent régulièrement. Lieu de partage de joies, de moments fraternels, d’espérance, mais aussi de difficultés, de fardeaux parfois lourds à porter seul.
Matériellement, ces portes existent, mais elles ne peuvent être hermétiques. Ma prière en cellule et dans la chapelle du cloître est habitée par tous ces visages rencontrés, ces intentions confiées ; et sur mon lieu de travail, se découvre la présence de Dieu qui se fait proche de tout homme.
Ces rencontres sont autant d’occasions où Dieu frappe à la porte de mon cœur pour que je lui devienne plus semblable, c’est-à-dire plus humaine. Dieu ne s’est pas incarné pour que nous nous désincarnions.
Le carême est ce « temps favorable » où je peux être davantage attentive aux appels que Dieu m’adresse à travers les personnes qu’Il met sur mon chemin : appels à plus de bonté, de bienveillance, de douceur, de compassion, de miséricorde… et ce, quel que soit l’endroit où je suis, quelles que soient les portes que je franchirai.
Sœur Marie-Christine (Fraternité de Vézelay)