Dieu Trinité est la source lumineuse qui irrigue mon cœur, il vient lui-même le libérer des ronces qui l’étouffaient, c’est-à-dire des soucis de la vie comme dit saint Luc (Lc 8,14), des blessures de la vie, des mauvaises habitudes prises, de toutes formes d’activisme. On pourrait mettre dans la bouche de notre Père du Ciel ce que dit Job (29,17) : « je brisais les crocs de l’homme inique, d’entre ses dents j’arrachais sa proie ».
Par la lectio, jour après jour, la Parole de Dieu travaille, nourrit mon cœur, le libère, le restaure jusqu’à devenir ce jardin qui accueille les frères et sœurs, le monde pour les aimer. Tout au long de la journée, la Parole du jour résonne en mon cœur avec les rencontres, les pensées, les évènements du jour et élargit l’espace de la tente de mon cœur. Dieu Trinité est l’hôte de mon cœur qui m’accueille moi-même comme en parle l’Apocalypse (22,1) : « l’Ange me montra le fleuve de vie limpide comme du cristal qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau ». Peu à peu, jour après jour, dans le silence de la cellule, de la liturgie, de la vie, avec des avancées et des chutes, la lumière se fait.
C’est le travail de toute une vie mais un jour, on goûte que le Christ est vainqueur et alors quelle joie profonde de prendre conscience de cette réalité que Dieu habite mon cœur et le fait vivre, de lui laisser sa place, la première et de le laisser lui-même m’accueillir et accueillir les autres.
Je peux désormais habiter pleinement mon cœur dans la paix, « un lieu, dirai-je, tout préparé par Dieu pour ses serviteurs ; jardin orné de fleurs de toutes sortes de couleurs, où récolter les fruits non seulement de la terre mais encore et surtout ceux du ciel » (1). Un beau programme de vie… comme une promesse !
Sœur Claire-Marie (Fraternité du Mont-Saint-Michel)