Je me sens bien impuissant à pardonner – confie le père Goujon qui a subi dans son enfance des abus sexuels de la part d’un prêtre. Je ne dis pas « incapable » ou « ne le désirant pas. » Je dis « impuissant. » Et parlant de son agresseur il ajoute : J’aimerais qu’il lui fût permis de découvrir sa faute. (P. Goujon, Prière de ne pas abuser, p. 71-72)

Quand je regarde le chapiteau dit De Judas, je vois cela : un homme qui découvre sa faute. Et il ne sait pas trop quoi faire avec cette découverte qui pèse tant. Il a fait le mal et c’est irréversible. Pour lui la seule issue, c’est le désespoir. Il oublie que le pardon existe. Il aurait peut-être suffi de déposer le fardeau trop lourd par un humble aveu de s’être trompé, de regretter, de vouloir réparer… Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie ! (Dt 30,19). Il choisit la mort.

Mais l’espérance chrétienne inscrite dans la pierre de la basilique de Vézelay nous conduit au-delà de ce choix qui paraissait ultime. Un Frère rattrape celui qui a désespéré au point de choisir la mort. Ce qui s’y passe n’a rien à voir avec un coup d’éponge qui effacerait indistinctement les fautes commises dans le passé. Le Christ, en sortant de l’abîme dans lequel nos fautes l’ont plongé, prend sur ses épaules tous ceux qu’il y rencontre. Une rencontre entre le poids du mal et le poids de l’amour. Le poids du mal pèse lourd. Mais la fête de Pâques nous rappelle chaque année que c’est l’amour qui est le plus fort.

Soeur Faustyna de la fraternité de Vezelay