Mi-mars : le coronavirus atteint notre société, touche et chamboule tous les domaines de notre vie, nous plonge dans le confinement avec des restrictions rigoureuses dans nos contacts. Cela veut aussi dire – et c’est une chose inattendue parce qu’impensable pour beaucoup de fidèles – que les églises vont être fermées, qu’il n’y aura plus de liturgies. Un choc ! Est-ce possible ? A-t-on le droit ? Pâques, la fête centrale pour nous chrétiens, approche à grands pas ! On est dans l’impuissance, car soudain les rituels, les offices religieux, la liturgie pascale, …tout ce qui, nous en étions convaincus, pouvait soutenir et nourrir notre vie de foi nous est enlevé.
Quel est mon désir de m’engager toujours plus dans mon amitié avec Dieu, le Père, avec le Christ, son Fils, dans l’Esprit ? Que suis-je prête à faire pour le vivre ?
Et pourtant, ce manque porte en lui deux fruits. Tout d’abord un fruit « ecclésial » ; notre Église est devenue pleine de vie et de dynamisme : liturgies en baladodiffusion et en streaming, permanences téléphoniques, offices religieux dans des ciné-parcs, possibilités de confession en « drive-in » sur certains parkings d’églises, pour ne citer que quelques exemples. Les gens ne pouvaient plus se rendre à l’église – alors l’Église s’est rapprochée des gens ; et une grande diversité de charismes, d’initiatives de foi est devenue visible dans l’Église catholique. Des communautés religieuses aux communautés paroissiales, des laïcs aux consacrés, tous étaient en chemin avec pour seul objectif de répondre à un désir, celui de vivre sa foi et de la rendre possible même au milieu du confinement. Tout à coup, ce foisonnement de vie est devenu visible.
Le deuxième fruit est un fruit plus personnel qui a été déposé en chacun. Le désir, le manque ont questionné, ont poussé à des recherches intérieures. Qu’est-ce que la foi pour moi ? Qu’est-ce qu’un chemin vivant de foi ? Qu’est-ce qui me soutient et me nourrit ? Fais-je l’expérience d’une Église vivante ? Voici mes réponses personnelles à ces questions : oui, la foi a besoin de la communauté, et une communauté vivante a besoin de proximité, de relations vivantes, de croissance dans la confiance en l’autre. Une relation vivante a besoin de temps et de calme dont je dois, moi-même, me faire le don au quotidien. Une relation vivante a également besoin d’être entretenue, et c’est seulement sur cette base que de simples connaissances peuvent devenir des amis. Tout cela me mène à ma question essentielle : quel est mon désir de m’engager toujours plus dans mon amitié avec Dieu, le Père, avec le Christ, son Fils, dans l’Esprit ? Que suis-je prête à faire pour le vivre ?
Et c’est la grâce de ce temps de crise : nos yeux se sont ouverts sur les initiatives anciennes et nouvelles, sur la multitude de possibilités d’accès et de soutien pour une foi vécue, sur la vivacité et la créativité dans l’Église. Cela a permis à de nombreux croyants de réaliser qu’une vie de foi dynamique, nourrissante et profonde est essentielle.
Vais-je accueillir cela comme une grâce ?
Karin Wieners (Fraternité évangélique des 4 Vents)