L’Esprit de Dieu pénètre même les recoins les plus sombres de l’enfer. Son indestructible pouvoir unificateur est présent même au cœur de nos cœurs, mais nous avons du mal à le remarquer et encore moins le courage de le laisser gouverner notre existence.

Lorsque nous choisissons d’invoquer cette présence divine en nous, souvent nous sommes attristés par notre incapacité à nous donner entièrement à elle, dans l’attention constante et la totalité de notre vie. Non seulement nos intérêts, nos préoccupations et nos capacités sont fragmentés, mais les pensées et les mouvements de nos cœurs sont en perpétuel mouvement, comme le flux et le reflux du désir et de l’oubli. Et c’est comme si notre cœur lui-même était un enfer. Dieu cependant ne le fuit pas. Il est descendu aux enfers et il est ressuscité. Vivant, il se laisse appeler par son nom : Seigneur Jésus ! Nous croyons que la porte de sa miséricorde est donc toujours ouverte. Le Bon Pasteur prend sur ses épaules la brebis égarée, réunit le troupeau dispersé et le conduit hors des ténèbres, vers une unité encore plus grande, dans la lumière de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

Ce n’est pas par nos propres forces, mais par la foi en la puissance de l’Esprit Saint, qui pénètre même les recoins les plus sombres de l’enfer, que nos cœurs peuvent s’unir. Non pas autour de nos propres efforts pour nous unifier, nous concentrer, nous purifier, mais autour de la parole de l’Évangile sur l’amour immortel de Dieu pour nous et pour toute la création.

Nous invoquons son nom, sa miséricorde, dans la confiance et la paix renouvelée de l’assurance du salut. Comme une avalanche, les eaux de l’amour de Dieu jaillissent des profondeurs du cœur et submergent tout, jusqu’à la fin des temps. Ils ne rassemblent pas par la violence, mais avec la tendresse du Bon Pasteur.

L’ascèse ne sert donc pas tant à augmenter nos propres forces, comme c’est le cas pour les athlètes, qu’à apaiser une conscience distraite par la peur et la confusion. Le but n’est pas la concentration, mais la foi. Une confiance sereine dans la puissance de l’Esprit Saint, principe de l’unité de chaque instant de notre vie. C’est là que la contemplation devient enfin possible.

Frère Benedikt (Fraternité de Strasbourg)