J’ai eu la grâce de pouvoir passer environ trois semaines à l’Assekrem, au printemps 1977. Un petit frère de Jésus qui vivait à l’Assekrem avait dû se rendre à Tamanrasset. C’est avec lui que je suis allé de Tamanrasset à l’Assekrem, à pied ; nous sommes partis un matin, avons passé la nuit à la belle étoile, à côté d’une tente de Touaregs et sommes arrivés à l’Assekrem le lendemain après-midi.
Je logeais dans l’ermitage que frère Pierre-Marie y avait construit. Il avait deux pièces : une pour y habiter, faire la lectio divina, préparer la cuisine, dormir ; l’autre, c’était l’oratoire.
Les petits frères m’avaient remis la Présence réelle. Chaque matin je participais à la messe que les petits frères célébraient dans l’ermitage construit par Charles de Foucauld en 1911. Il fallait environ vingt minutes pour s’y rendre. La messe était célébrée juste après le lever du soleil. De fait, des touristes allaient à l’Assekrem pour admirer le lever du soleil ; certains restaient pour participer à l’eucharistie.
Les journées étaient très simples : lever, toilette rudimentaire (l’eau était peu abondante et la température plutôt fraîche à plus de 2700 mètres d’altitude et au sortir de l’hiver), messe, petit déjeuner, offices (des laudes, du milieu du jour et des vêpres), lectio divina, cuisine, repas, sieste, marche, adoration.
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A l’Assekrem, on vit au rythme solaire, puisqu’il n’y a pas d’électricité. Les journées étaient ensoleillées et les nuits fraîches. Le dimanche était particulier ; la messe était célébrée à 11 heures, si je me souviens bien et était suivie du déjeuner que les petits frères prenaient avec les hôtes qui étaient en retraite dans les ermitages. C’est le dimanche que nous pouvions « passer commande » pour avoir du riz, des pâtes, du lait, des conserves, …, qui, a priori, nous étaient remis le dimanche suivant.
J’ai été saisi, fasciné, émerveillé par la beauté extraordinaire du désert. Saint Charles de Foucauld a écrit : « On ne peut le voir sans penser à Dieu. On est seul avec Lui. » Le désert chante la gloire de Dieu. J’ai fait l’expérience que l’on peut vivre avec très peu de choses quand on a « tout » : la Présence réelle et la Parole de Dieu. L’essentiel est là.
Quand est venu le temps de préparer le départ de l’Assekrem, j’ai été remettre aux petits frères la Présence réelle ; alors, il n’y avait aucun sens à ce que je prolonge davantage mon séjour.
Contrairement à l’aller où j’étais arrivé à pied, je suis reparti avec une occasion de 4×4 qui allait à Tamanrasset. En quelques heures, je suis passé de la beauté des montagnes du Hoggar, où régnait un silence total, à la ville avec son brouhaha, ses klaxons, … Cette transition rapide n’a pas été facile. Mais c’est là, je crois que Dieu m’appelait alors et m’appelle toujours et encore, au milieu des hommes, pour répondre à son appel.
Merci Seigneur !
Frère François-Marie (Fraternité de Strasbourg)