« 15 minutes de marche par jour peuvent changer votre vie »
(Slogan d’une petite publicité aperçue il y a quelque temps !)
Aujourd’hui, la marche est mise à l’honneur. Marche rapide, marche sportive ou encore marche nordique : tout le monde peut trouver son bonheur. Certaines applications prennent soin de vérifier si nous faisons bien nos
10 000 pas par jour. Bref, on le sait : marcher, c’est bon pour la santé.
Je crois même que marcher, c’est bon, tout court. Et il y a une expérience que j’aime tout particulièrement, c’est celle de marcher seule et sans but.
Accepter ces deux solitudes, celle de ne pas être accompagné et celle de marcher gratuitement, sans devoir aller quelque part.
Tout d’abord, marcher seul : cela peut paraître tout simple et pourtant je me rends compte que ce n’est pas si habituel. Il est rare de croiser des personnes marchant sans personne et surtout… sans écouteurs (il y en a pourtant de bien discrets !). Ce n’est pas si facile de ne prendre avec nous que nos jambes, c’est un petit dépouillement qui demande parfois un effort mais qui nous rend davantage disponible à une rencontre, à la beauté d’un paysage ou justement à une réalité qui vient nous bousculer (et en écrivant, je pense au nombre de tentes de personnes dormant dans la rue qui ne cesse d’augmenter).
Marcher seul, cela peut être aussi marcher avec un Autre. Cet été, nous étions trois sœurs à faire une randonnée/bivouac durant une semaine et c’était beau de voir que nous avons naturellement trouvé un équilibre. Nous avons bien vécu une randonnée à plusieurs, mais de nombreux temps de marche en solitude venaient ponctuer notre journée, des temps d’intimité, de prière, pris dans la liberté des enfants de Dieu, qu’aucune de nous ne venait transgresser.
Je disais également que j’aimais marcher sans but particulier. Prendre ce temps gratuit un jour de désert ou un soir, c’est pour moi comme une grande respiration. Paradoxalement, dans ces moments-là, marcher, se mettre en mouvement, c’est savoir s’arrêter. « L’homme libre possède le temps » écrit Sylvain Tesson, oui, un temps gratuit c’est aussi une expérience de liberté, qui personnellement m’aide à prendre soin de ma relation au Seigneur. Il y a même ces petites prières que je ne prie que pendant ces temps de marche
« sans but ».
Arriver à prendre ces micro-déserts dans une vie contemplative au cœur du monde est un sacré défi, et pourtant nous en avons besoin, pour nous et pour les autres. Marcher seul est une manière parmi tant d’autres de le faire, chacun sa méthode !
Sœur Ève-Marie (Fraternité de Paris)