Que Ton Règne vienne ! Ce sont des mots que nous répétons souvent, très souvent même. Mais sommes-nous toujours conscients de ce qu’ils nous engagent aussi à faire advenir le Royaume de Dieu par notre vie, chacun à notre place ? Comme le précise le pape Jean-Paul II dans son Exhortation apostolique Vita Consecrata, nous sommes tous consacrés par le baptême et la confirmation pour cette mission : « les laïcs ont comme caractéristique propre, mais non exclusive, la sécularité, les pasteurs, la charge du ministère, les consacrés, la conformation spéciale au Christ chaste, pauvre et obéissant » (VC 31).
Les vœux sont donc pour nous, frères et sœurs consacrés, un moyen privilégié non seulement d’annoncer le Royaume par notre vie, mais aussi de le faire advenir : « La Vie consacrée, profondément enracinée dans l’exemple et dans l’enseignement du Christ Seigneur, est un don de Dieu le Père à son Église par l’Esprit. Grâce à la profession des conseils évangéliques, les traits caractéristiques de Jésus – chaste, pauvre et obéissant – deviennent “visibles” au milieu du monde de manière exemplaire et permanente et le regard des fidèles est appelé à revenir vers le mystère du Royaume de Dieu, qui agit déjà dans l’histoire, mais qui attend de prendre sa pleine dimension dans les cieux » (VC 1).
Lorsque l’on associe les vœux au Royaume de Dieu, c’est bien entendu la chasteté qui nous vient d’abord à l’esprit : Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux (Mt 19,12). Par notre célibat consacré, nous témoignons de ce que seul l’Amour du Seigneur peut nous combler parfaitement et nous vivons dans l’attente de ce jour où Dieu sera tout en tous (1 Co 15,28).
Mais le Royaume est lié aussi à notre vœu de pauvreté : c’est au moment où Jésus envoie les Douze proclamer le règne de Dieu qu’il leur dit : Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n’ayez pas chacun une tunique de rechange (Lc 9,2-3). Nous sommes donc invités à chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice (Mt 6,33) et à faire confiance au Seigneur qui sait ce dont nous avons besoin. Quant à l’obéissance, elle consiste à s’ouvrir à ce que me dit mon frère, ma sœur, pour chercher ensemble la volonté de Dieu et faire grandir le Royaume au milieu de nous à l’exemple du Christ, dont la nourriture [était] de faire la volonté de Celui qui [l’avait] envoyé et d’accomplir son œuvre (Jn 4,34).
Ainsi les conseils évangéliques sont-ils un chemin vers le Royaume, chemin de conversion, de renoncement à soi-même pour ne s’attacher qu’au Christ.
S’il est bien vécu, ce chemin nous fait grandir en liberté, nous permet de découvrir et de déployer nos talents, il élargit notre cœur aux dimensions de celui du Christ. Puissions-nous avancer toujours plus sur ce chemin, dans une fidélité créatrice, pour entendre un jour les paroles adressées au bon serviteur : Entre dans la joie de ton Seigneur ! (Mt 25,21).
Sœur Anne-Catherine (Fraternité de Varsovie)