Depuis sa sortie en 2015, on a dit de Laudato Si’ qu’elle concerne l’environnement et les changements climatiques, la vie qui se manifeste dans la nature, ou l’écologie intégrale, ou bien l’engagement des chrétiens dans le monde, ou encore un nouveau modèle de société…

Quant à moi, pèlerin qui s’efforce de rencontrer et de reconnaître Dieu et Son amour dans les vibrations et les contradictions de la ville moderne – pluraliste et plurielle jusqu’à l’éclatement et, souvent, postchrétienne – mon propre parcours m’amène à aimer plusieurs aspects de Laudato Si’.

Tout d’abord, le pape François envoie cette lettre à tous les habitants de la planète, environ 8 milliards de personnes. Cela demande du courage, voire de l’audace, car les catholiques ne sont qu’environ 1,2 milliard et que la réputation de l’Église et de ses autorités a été ternie par de nombreux scandales depuis plusieurs années. Qu’est-ce que cela veut dire pour nous, le peuple de Jérusalem, qui, dans nos villes, sommes de plus en plus une minorité et même parfois méprisés ? Le Pape nous montre par son exemple comment ne pas nous renfermer sur nous-mêmes. Il nous invite à rejeter les replis identitaires et à nous ouvrir, dialoguer, collaborer avec tous ceux et celles qui ont à cœur l’avenir de la maison commune.

Ensuite, Laudato Si’ renvoie constamment aux données scientifiques. Pourtant, l’Église a toujours entretenu une relation très difficile, tourmentée même, avec la science. Par son recours à la science, le Pape nous exhorte à ne pas nous retrancher derrière nos certitudes, à ne pas nous cacher à l’abri de la doctrine. Prenez la ville et le monde au sérieux, ne lui servez pas de comptines pour enfant, engagez un dialogue ‘adulte’, dit le pontife. La science n’est pas opposée à la foi, au contraire elle l’alimente ; elle peut libérer la foi des carcans de l’histoire et des mythes de l’imagination. Un échange sincère et honnête en quête de la vérité est le chemin à suivre. 

Finalement, Laudato Si’ nous dit que chacun de nous est interdépendant l’un de l’autre et que collectivement nous sommes tous et toutes interdépendants de la nature, de sorte que chaque action et chaque omission ont des répercussions non seulement sur la personne qui la pose et son entourage immédiat, mais aussi sur l’ensemble de l’humanité et sur l’environnement, notre maison commune. Dès lors, prendre soin des autres, notamment des plus pauvres, et prendre soin de la maison commune ne sont plus seulement des gestes nécessaires et intelligents au point de vue

sociologique et environnemental, mais ils deviennent des actes de foi en action car ils permettent d’accomplir le mandat que Dieu a donné à l’humanité, depuis le premier commencement, quand il lui a confié la Création.
Merci, François !

Gilio Brunelli (ami des Fraternités de Montréal)