Notre Livre de Vie de Jérusalem nous dit dans le chapitre Pauvreté que « la première étape de ta pâque de pauvreté passe par l’humble acceptation de tes richesses […]. En retour, vis dans une continuelle action de grâce. Puisque tu n’as rien que tu n’aies reçu, que ta pauvreté t’invite à un être un perpétuel offrant en sacrifice de louange » (§95) et dans le chapitre Moines et moniales que « Dieu a fait ton cœur assez grand pour le contenir. Ton cœur contenant celui que l’univers ne contient pas est donc plus grand que l’univers. Au cœur de toi réside le Créateur du monde et avec lui, le monde. » (§77)

Comment donc ne pas se laisser interpeller par Laudato Si’ du pape François ? Comment ne pas se mettre comme saint François à louer cette terre qui nous nourrit jour après jour et toutes ces créatures animées ou non, comme le soleil et la lune, qui nous font entrer dans le temps cyclique de la vie ou le temps continu qui nous amène vers la Jérusalem céleste et vers le jour de la résurrection pour laquelle « toute la Création jusqu’à ce jour gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8, 22) ? 

Dieu nous a tellement aimés qu’Il nous désire comme cocréateurs de son œuvre, comme acteur de sa Création dans cette bonté qui l’habite.

Comment alors ne pas contempler cette Création que Dieu nous a offert au sixième jour pour que nous la « dominions », parce que contrairement aux autres créatures, nous sommes faits à l’image et selon la ressemblance de Dieu (cf Gn 1, 27). C’est donc avec la bonté de Dieu même que nous devons la traiter ; la bonté avec laquelle Dieu la voit pour aujourd’hui et pour demain, avec laquelle Il la voit fructifiant pour que chacun s’y nourrisse, et avec laquelle Il la voit resplendissante de cette beauté virginale pour nos enfants et les enfants de nos enfants. Dieu nous a tellement aimés qu’Il nous désire comme cocréateurs de son œuvre, comme acteur de sa Création dans cette bonté qui l’habite. Nous devons donc nous vêtir de cette bonté pour redevenir des acteurs de ce travail d’enfantement, pour apprendre à réapprendre nos actes de tous les jours afin de préserver et embellir ce que Dieu nous a donné.

Car tous les jours, nous produisons des déchets. Tous les jours, nous consommons cette eau que nous polluons, cette terre en épuisant son sol et son sous-sol, cet air en changeant sa composition. 

Tous les jours, nous utilisons internet, envoyons et renvoyons des mails avec des pièces jointes lourdes, nous stockons des milliers d’informations que l’on oublie et qui continuent à consommer de l’énergie, à épuiser nos ressources, à réchauffer notre planète…
Cette terre est pourtant notre maison commune, cette maison qui nous rappelle que nous sommes tous frères et que nous avons la charge des plus pauvres, de ceux que nous maltraitons depuis tant d’années par nos manques de prise de conscience, par nos mauvaises habitudes qui perdurent. 

Que cette Saison de la Création, qui débute par la Journée Mondiale de Prière pour la sauvegarde de la Création le 1er septembre et dure jusqu’au 4 octobre, et que cette année Laudato Si’ instaurée par le Pape nous engagent davantage dans une conversion écologique de nos vies pour qu’elles puissent être « refaçonnées par celui qui nous a déjà pétri » (LdV §81) et refléter cette bonté de Dieu. Le Pape dans sa Lettre pour la Journée Mondiale de prière pour la sauvegarde de Création de ce 1er septembre ne nous rappelle-t-il pas que le « Jubilé pour la Terre » de cette année doit être « un temps sacré pour se souvenir, revenir, se reposer, réparer et se réjouir. » Oui, envoie ton Esprit, Seigneur, et renouvelle la face de la terre ! (cf Ps 104, 30).

Soeur Marie-Antoine (Fraternité de Paris)