C’était un matin brumeux sur Strasbourg. J’ai traversé la ville jusqu’à la cathédrale, parti à la recherche de Son visage. C’est Ton visage que je cherche
Dans la cathédrale, on le trouve, le visage de Jésus : nombre de vitraux le représentent, souvent en petit format, les détails en sont à peine visibles… Mais ce n’était pas cela. C’est Ton visage que je cherche
Il m’a fallu du temps pour le trouver : dans la chapelle Sainte-Catherine qui donne au sud. Là, tous les visiteurs s’émerveillent devant l’autel et ses dorures, ses bas-reliefs et ses sculptures. Mais il vous faut vous retourner si vous voulez voir Son visage. Il est là, sur le vitrail au fond de la chapelle, grand et coupé par un pan de mur. Il n’est pas vieux : il date de 2015. Et pourtant, vous l’avez déjà vu, vous le connaissez, vous le reconnaissez. Vous ne sauriez peut-être le dire, mais vous identifiez le visage du Christ bénissant peint au XVe siècle dans le style flamand par le peintre allemand Hans Memling. Vous en avez déjà vu des représentations, il est tellement connu. Ce vitrail, c’est l’artiste photographe Véronique Ellena qui l’a conçu à l’occasion du millénaire de la cathédrale.

Je le contemple. C’est Ton visage que je cherche… mais petit à petit, je me rends compte que : c’est Ton visages que je cherche… Au fur et à mesure que l’œil contemple, s’habitue, se familiarise, il découvre non pas deux, mais quelques centaines d’yeux ; des centaines de bouches, de nez… Inscrits en sépia dans le visage du Christ, ce sont les photographies des visages de plus de deux cents personnes que Véronique Ellena a rassemblé sur ce vitrail. Autant de visages, de regards, d’histoires qui forment le visages du Christ.
Je suis là, dans la chapelle Sainte-Catherine de la cathédrale de Strasbourg, je tourne le dos à l’autel et depuis de longues minutes, je contemple ce vitrail. Les visiteurs entrent dans la chapelle, s’arrêtent un instant et repartent, mais eux regardent l’autel et ses dorures, ses bas-reliefs et ses sculptures… Ils me font face. …

Je me suis trompé.

Le vitrail me dit que ce n’est pas là-haut, sur les panneaux de verre que je vais trouver Ton visage, mais là, à hauteur d’yeux, sur tous ces visages devant moi.

La brume enveloppait toujours Strasbourg lorsque je suis retourné à la Fraternité. Et sur le chemin du retour, dans ces rues, sur ces ponts, tout autour de moi, c’est bien Ton visages que je trouvais…

Frère Marc-Abraham (Fraternité de Strasbourg)