Vitrail du Bon Samaritain – Cathédrale de Sens – © DR
Nous connaissons bien la parabole du bon Samaritain. Peut-être avons-nous médité, réfléchi, nous sommes-nous identifiés, à ces deux figures principales que sont l’homme blessé et le Samaritain qui a croisé sa route. Peut-être aussi nous sommes-nous demandé si nous n’aurions pas, dans cette situation, l’attitude du prêtre ou du lévite, ne voulant pas d’histoires et passant outre.
Mais plus rarement nous nous arrêtons sur la figure, nourrissante pourtant, de l’hôtelier. « Le lendemain, il [le Samaritain] tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : ‘Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour’ » (Lc 10,35). L’hôtelier, c’est l’homme de l’accueil, mais de l’accueil du lendemain. Peut-être avait-il, la veille, vu avec un peu de suspicion arriver ce duo étrange, ce blessé et celui qui s’était fait son compagnon d’infortune. Peut-être avait-il eu hâte que ces deux personnages quittent son auberge pour lui rendre sa tranquillité.
Et voilà que c’est à lui qu’on demande d’être l’hôte, pas en général, mais de cet homme en particulier. Voici que le Samaritain, qui peut représenter une figure du Christ, lui confie cette mission, et sans garantie en plus ! Car une fois les deux deniers versés à son départ dépensés, plus aucune certitude, juste la promesse d’un remboursement, à son retour. Pas de date…
Va-t-il obéir à la demande ? Le texte de la parabole ne le dit pas, mais c’est peut-être pour mieux interroger le lecteur : « Et toi, qu’aurais-tu fait, que ferais-tu, dans pareille situation ? Prendrais-tu soin du blessé ? Obéirais-tu à cette injonction d’un inconnu ? Offrirais-tu ton hospitalité sans garantie ? »
Les réponses à ces questions se trouvent au fond de notre cœur à chacun. Puisse le Seigneur lui-même venir les habiter pour que nous faisions le choix de l’accueil sans mesure.
Sœur Constance (Fraternité de Paris)