La vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous (1 Jn 1,2).
Le disciple bien-aimé a reconnu le Vivant en arrivant au tombeau ; il s’écrie « c’est le Seigneur ! » en apercevant Jésus au bord du lac de Galilée. Pour d’autres, cette reconnaissance a pris plus de temps… et des apparitions en série pour voir et croire !
Le temps pascal m’est donné pour apprendre, comme les disciples à reconnaître le Vivant. Il est venu à moi à travers Louis, rencontré à mon travail. Louis a 23 ans. Il est l’aîné d’une fratrie de 7 enfants, la dernière est porteuse d’une trisomie 21. Et lui est atteint de la myopathie de Duchenne. Il y a 2 ans, leur mère est décédée brutalement des suites d’une chute de cheval. La Vie s’est manifestée ?
Louis est en fauteuil. Immobile de la tête au pied ; seul un doigt de sa main droite peut activer le levier de son fauteuil pour ses déplacements. Il parle en cherchant son souffle. Sa voix est ferme et son regard merveilleusement lumineux, vivant, habité. Je suis frappée par le contraste entre ce corps fragile, immobile et cette vitalité intérieure qui rayonne. Il me raconte : « en même temps que j’ai perdu l’usage de mes jambes – à l’âge de 10 ans – j’ai senti un surcroît de vie ».
La vie de Louis rend témoignage à cette vie éternelle qui fait son chemin dans notre humanité. Cette lumineuse rencontre a une saveur pascale. Le Ressuscité en ce temps pascal a pris pour moi le visage de Louis.
Sœur Lucie-Caroline (Fraternité de Paris)