La vie monastique n’est pas un long fleuve tranquille !
Un jour surgit l’épreuve, parfois même la traversée du désert… C’est alors qu’on se retrouve face à soi-même, vulnérable, car rien de ce qui jusqu’ici pouvait nous protéger, nous rassurer voire nous valoriser, rien n’est plus d’aucun secours ! Expérience décapante, mais qui s’avère salutaire pour qui accepte de traverser l’épreuve en lâchant le gouvernail, mais non pas la main du Seigneur… Malgré la fatigue, l’angoisse de ne pas savoir où l’on va, le découragement qui guette, se lever et repartir… C’est le Seigneur, devant, qu’il faut suivre des yeux, car les mirages ne manquent pas ! Marcher encore et encore, dans la foi nue, avec pour seul refuge au fond du cœur cette voix de fin silence du Seigneur qui murmure : ne crains pas, crois seulement…
Chercher toujours, puisqu’aussi bien Dieu est le Tout-Autre et l’Au-delà de tout : Moïse conduisit son troupeau par-delà le désert, et il parvint à la Montagne de Dieu, dit le livre de l’Exode. Alors seulement se produit la rencontre, divine, gratuite, comme inespérée à force de l’avoir tant attendue !
Un jour, méditant le passage de Moïse au Buisson ardent, une lumière me frappa au cœur, source d’une joie imprenable et d’une irrépressible libération intérieure : Dieu vit qu’il (Moïse) avait fait un détour et Il l’appela du milieu du Buisson : Moïse ! Moïse ! Oui, il est des détours dans nos vies que Dieu agrée ! C’est moi qui te conduis sur le chemin où tu marches… C’est le Seigneur, c’est Jésus qui t’est apparu sur le chemin par lequel tu venais… Une lumière se lève dans nos obscurités, la Résurrection s’annonce en une aurore ténue…
Mange et bois, autrement le chemin sera trop long pour toi… C’est sur Dieu seul, notre Rocher, qu’il faut nous appuyer. Moïse frappa le Rocher et l’eau jaillit… Dieu change le désert en nappes d’eau… Du cœur transpercé de Jésus coulent des fleuves d’eau vive, et les sacrements de l’Église ont la puissance d’irriguer tous les déserts de nos vies : « Mon Dieu, si tu es la Source, je suis l’homme près de la source » (Kirkegaard). Conduis-moi sur le chemin d’éternité…
Au-delà du désert, certes la route monte encore, mais elle mène au Ciel, à la Vie éternelle en Dieu.
Sœur Nathanaël (Fraternité du Mont-Saint-Michel)