Faire silence. En allemand, on dit : Still werden. « Devenir » silencieux. Devenir fait penser au chemin, à la croissance. Croître en poussant des racines, en nous enracinant en Dieu. L’été qui s’ouvre devant nous est un temps favorable pour ce chemin : se reconnecter à Dieu, à soi-même et aux autres. Pour rentrer autrement en septembre, pour rentrer en repartant.

Au départ de cette mise en route, du faire silence, il y a un désir : Me voici pour écouter. Me voici parce que je veux aller à ta rencontre, Seigneur. Une mise en route sur laquelle il y a des choses qui se passent. Où on rencontre soi-même des événements, des impressions de l’année écoulée. Devant Dieu. Et c’est devant Dieu que tout prend son sens, c’est avec Dieu que le sens est donné. Chemin de pèlerinage parce que je sais que Dieu habite mon cœur. Finalement, c’est Lui qui traverse tout ce qui se passe pour en faire un lieu de passage qui me fait découvrir Dieu à travers les événements.

L’expérience de l’étranger (et plus largement la confrontation avec des diversités autour de nous) oblige à apprendre la langue de l’autre. Où apprendre la langue de l’autre devient un pont pour découvrir un autre univers dans lequel on découvre une manière différente de s’exprimer, de voir le monde. On marche, mais le sol sous les pieds peut bouger. Et le chemin consiste justement à pousser des racines en Dieu où tout peut se transformer en un point de départ pour apprendre mutuellement quelque chose de la langue de l’autre, de sa façon de voir les choses ; de l’apprendre dans le silence et la patience de la prière des uns pour les autres, de l’apprendre de Dieu finalement.

C’est comme si deux personnes aux deux extrémités d’un pont parviennent, à travers des petites choses, parfois sous des apparences insignifiantes, à se rapprocher vers le milieu du pont où la rencontre peut se faire. Et petit à petit, avec la grâce de Dieu peut se creuser en nous cet espace pour un langage qui ne s’arrête pas aux mots, qui ne nous renferme pas sur nous-même, qui ne nous coupe pas les uns des autres, mais nous ouvre à la rencontre.

Puisse cet été devenir pour nous un chemin de connaissance où nous naîtrons de Dieu à nous-mêmes et aux autres pour repartir ensemble, bâtis sur le roc de la foi.

Sœur Hannah, de la Fraternité de Strasbourg