« Dans la conversion et le calme était votre salut ; dans la sérénité et la confiance était votre force » (Is 30,15). Le prophète Isaïe écrit cela à un moment très angoissant de l’histoire d’Israël : le pays est envahi, pris en étau entre les superpuissances de l’époque ; le nord du royaume a été perdu aux Assyriens. Face à l’affolement ou aux calculs politiques, Isaïe conseille de rester dans une confiance calme et sereine en la fidélité de Dieu.
Le prophète Élie fait une expérience semblable dans sa vie personnelle. Autour de lui la situation politique et religieuse est désastreuse ; sa vie est en danger ; il est complètement seul; il désespère. Il traverse le désert pour chercher l’appui de Dieu. Dans une page célèbre, sur le mont Horeb, il se trouve entouré de cataclysmes, qui pourraient symboliser ses propres émotions : un ouragan extrêmement violent, un tremblement de terre, des éclairs de feu. Chaque fois le texte dit que le Seigneur
« n’était pas » dans tout ce désordre terrifiant. Au contraire, Dieu se révèle dans
« le murmure d’une brise légère » (1 R 19,11).
Nous aussi, au milieu d’un monde particulièrement déstabilisant, nous sommes peut-être en proie à l’agitation et au trouble. Mais Dieu n’est jamais loin ; au-delà des émotions, il est toujours présent dans son silence paisible. Comme dans le Saint des Saints, ce lieu vide et silencieux au milieu de l’agitation de Temple de Jérusalem. Comme dans notre église à Montréal, le Sanctuaire du Saint Sacrement, où l’adoration silencieuse a été maintenue jour et nuit depuis plus d’un siècle, au milieu d’un quartier particulièrement mouvementé et bruyant.

« Entre dans le mystère du silence… Dieu est silence… Au milieu du brouhaha de la ville, emporte avec toi le secret du silence intérieur…, silence de tout ton être. » 
(Livre de Vie de Jérusalem n°30-33)

Frère Bradford, de la Fraternité du Montréal