Nous sommes à Jérusalem, au cours de la dernière semaine avant la Passion. La nuit, Jésus se retire au Mont des Oliviers et le matin il se rend au Temple pour parler aux gens venus l’écouter. Des scribes et des pharisiens lui amènent une femme surprise en flagrant délit d’adultère. La loi prescrit qu’elle soit lapidée : « Et toi, que dis-tu ? ». On attend la réponse de Jésus, mais la question est en réalité un piège pour l’accuser.
Regardons la scène de près : la femme est au milieu, autour d’elle, une foule d’hommes prêts pour l’exécution, impatients de lancer la première pierre. Jésus reste silencieux, il se penche et commence à écrire avec son doigt sur le sol. Rien n’est dit de ce qu’il écrit. Le calme des gestes interrompt le fleuve de la violence. Jésus se baisse : une invitation à regarder à l’intérieur, à réfléchir. Comme ils insistent pour l’interroger, il se redresse et dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Puis de nouveau il se penche et écrit par terre.
Jésus pousse chacun à assumer sa propre responsabilité, en allant au-delà de la logique du bouc émissaire. Et de fait, ils étaient arrivés en masse, mais maintenant, « un par un », chacun s’éloigne, en commençant par les plus âgés, qui sont, eux, les juges. Le doigt de Jésus qui écrit sur le sol rappelle le doigt de Dieu qui au Sinaï écrivit la Loi sur les tables de pierre et renvoie aussi au sens originel de cette Loi, de laquelle le peuple adultère s’est éloigné, se réduisant au légalisme qui tue.
Une deuxième image suit : Jésus se redresse, seul devant la femme qui se tient seule au milieu ; « misericordia et misera ». Elle n’a pas de nom : elle est chacun et chacune de nous. Jésus l’appelle solennellement « femme » et lui demande « où sont-ils donc ? » Les accusateurs ont disparu ! « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus ». Le pardon est accordé à la femme adultère, la dignité est rendue au condamné à mort, une voie d’espérance est ouverte. « Ne plus pécher » n’est pas un impératif moral mais une « promesse » : une nouvelle vie est possible, par le don de l’Esprit lorsque Jésus a été glorifié.
Et nous ? Nous connaissons bien le rôle des accusateurs : voir le mal, la paille dans l’œil de l’autre ; mais aussi nous accuser nous-mêmes, juges implacables de nos limites, de notre ego, idole que nous nous sommes faites. Jésus nous montre le chemin de la conscience de soi, le chemin de l’humilité, pour nous libérer de la tyrannie de notre ego et de l’isolement.
Seule avec le Seul, la femme adultère « est une nouvelle créature ; les choses anciennes sont passées, voici, de nouvelles sont nées. » (2 Co 5, 17).
Riccarda Liberati, membre des Fraternités évangéliques de Florence