el llanto del hombre en Dios
y en el hombre la alegria
les pleurs de l’homme étaient en Dieu
et dans l’homme la joie c’était.

Riche pauvreté. Un nouveau-né à Bethléem. L’évangéliste dit simplement « le petit enfant. »  La Nouveauté est là et nos cœurs s’ouvrent.

Un corps minuscule dans une raide mangeoire. La chaleur du foin et des bêtes. La présence attentive du père, les linges doux prévus par la mère, la bonne volonté des pauvres qui arrivent en courant. Ce n’est pas inconfortable. La grande salle de l’auberge aurait été vacarme et bousculade.  Mais ces trois-là ne sont pas chez eux. Loin de toute aide familière et du lieu amical ; et bientôt plus loin encore, la fuite dans la nuit.

La nouveauté et ses richesses.  Qu’apporte-t-il ? La « prodigieuse pauvreté divine » (M. Zundel). L’enfant n’est pas propriétaire. Il est riche pourtant, il nous enseigne sa richesse : une vie de confiance. La vie chrétienne. Il est le Oui du Père éternel. Il est le fils du Oui de sa mère. Le regarder et désirer ce qu’il nous offre : être avec lui, en lui, enfants du Père. Dans notre fragilité.

L’amour est pauvre parce qu’il donne tout. Cet enfant est riche de sa mère : alors il nous la donne. Dans l’étable et sur la croix, il nous la donne.

Contemplation nouvelle. Confiné pendant 9 mois dans un obscur cachot par des frères carmes qui le rejettent, saint Jean de la Croix commence par écrire ses Romances. Sur un rythme simple de chanson populaire, il médite joyeusement sur l’Amour Trinitaire qui se donne à l’extrême. Sa vision de l’Enfant dans la crèche est une musique. Il y a cette douceur angélique de la nuit, cette louange qui s’annonce dans les cœurs simples, cette harmonie nouvelle dans un ciel lumineux. « Les hommes disaient des cantiques, les anges une mélodie. »

Marie, elle, « en pasmo », contemple son bébé qui pleure. Comment traduire ça ? Remuée ? Abasourdie ? Frappée au cœur ? On peut dire aussi « émerveillée » par cette réciprocité : tandis que l’homme découvre la joie, Dieu fait l’apprentissage des larmes.

Ce mystère d’amour infini. Plusieurs fois dans les récits évangéliques, quand nous voyons Jésus pleurer, là encore nos cœurs s’ouvrent.  Méditant sur le « trop grand amour » de Dieu pour nous, le père Joseph Perrin nous parle de notre riche pauvreté : « … mais cette humanité n’apporte-t-elle rien ? N’a-t-elle pas de dot ? Si, elle apporte sa sensibilité qui est la résonance en notre chair des sentiments les plus élevés ; elle apporte aussi son aptitude à souffrir et à mourir et c’est ainsi que la terre connaîtra des réalités infiniment nouvelles : les larmes et les sanglots d’un Dieu, sa sueur sanglante, son sang et le cœur adorable qui en est la source. »

Béatrice Cantoni, fraternité des Quatre-Vents