Le mois de septembre, c’est pour tous le temps de la rentrée, de la reprise après la période estivale, après le temps des vacances.
Dans la vie monastique à Jérusalem, le mois de septembre est aussi celui de la reprise, celui des changements.
On redémarre une année avec son lot de continuité et de nouveauté qui donne à chaque année, une couleur, une saveur particulière.
C’est, pour chaque Fraternité, l’heure du « Chapitre de rentrée » qui donne habituellement une orientation communautaire pour l’année qui s’ouvre jusque dans ses conséquences pratiques avec la répartition des charges au service de la vie de la communauté, de la vie liturgique, du rayonnement évangélique. C’est d’ordinaire aussi (mais non exclusif) la période privilégiée où s’orchestrent les transferts de frères et sœurs entre Fraternités.
Il y a quelques années, même si je ne me l’avouais pas, le mois de septembre résonnait en moi comme période de nouveauté, de changement, de nouvelles charges, de nouveau défi… au sein d’un cadre stable, rassurant.
Je ne dirais pas que j’ai l’âme d’un aventurier mais une dose de nouveauté dans un cadre globalement stable n’était pas sans me déplaire…
Mystérieusement, quelque chose a bougé… Est-ce parce que les années ont passé ?
L’environnement, les changements venus de l’extérieur jouent un rôle, entrent en dialogue, en syntonie ou en interférence, avec ce que nous vivons, avec ce que chacun de nous portons au quotidien.
En même temps, je prends conscience que les changements les plus profonds, les plus marquants, ne viennent pas de l’extérieur. Ils surgissent au moment où on ne les attend pas.
J’expérimente que la vie monastique avec son rythme établi, avec ses rendez-vous que sont les offices liturgiques, la lectio-divina, la vie de prière personnelle, le travail, la vie fraternelle, est l’écrin qui favorise des changements, des passages, des pâques.
Personnellement, la lectio-divina, cette lecture priante de la Parole de Dieu, est un lieu significatif de la rencontre de Dieu qui me parle et avec qui j’entre en dialogue, en relation… Mon quotidien n’a rien de monotone. Chaque jour le Seigneur est présent. Par sa Parole, de manière sensible ou non, il répand une lumière singulière sur mon aujourd’hui. Certains jours, résonne l’invitation à la louange, à rendre grâce ; d’autres jours, c’est l’appel à la constance dans le don de soi, à la vigilance, à prendre soin des plus fragiles… Au jour de lassitude, je me trouve encouragé, réconforté. Parfois, je me trouve interpellé, repris, exhorté à la conversion…
Le Seigneur désire pour ses enfants le don de vivre vraiment libre ; libre de tout ce qui nous asservit et étouffe la vie qui est en nous. Il veut nous conduire au Royaume, à la sainteté.
Aussi, finalement, c’est bien dans l’ordinaire d’un quotidien réglé, rythmé, que l’extraordinaire s’invite.
Chaque jour devient un jour nouveau, unique, pour le rencontrer, pour toujours mieux recommencer à le connaître, l’aimer et le servir, là où je suis, dans le contexte qui est le mien.
Frère Théophane (Fraternité du Mont Saint-Michel)